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La Lud’interview de Marie Soulié

Professeure de français au collège Daniel Argote à Orthez dans l’académie de Bordeaux, formatrice en pédagogie active et numérique éducatif, membre de l’association Inversons la classe.

Quelles sont les étapes qui t’ont fait arriver à un enseignement du français aussi actif et motivant pour les élèves ?

Tout a commencé il y a une dizaine d‘années car j’ai changé d’établissement et de contexte. L’enseignement dialogué que j’utilisais alors n’était plus adapté à mes élèves. Je me suis auto formée, j’ai fait pas mal de recherches, je voulais remettre un peu de dynamique dans la classe et essayé aussi de limiter mon temps de parole. J’ai choisi de pratiquer la classe inversée aménagée à ma discipline et au contexte. Aujourd’hui j’ai atteint mes objectifs : c’est un cours dynamique, les élèves sont actifs 90% du temps. J’ai un temps de parole très réduit. J’ai aussi compris que la motivation des élèves n’était pas implicite, j’essaye de mettre au service de mon enseignement la créativité que j’ai essayé de développer au cours de toutes ces années. Je me remets en questions quotidiennement, je trouve de nouvelles approches, je renouvelle mes cours.

De toutes les expériences menées au cours de ta carrière, quelles sont celles qui t’ont le plus marquées ?

La première je l’ai partagée avec une collègue d’anglais (Aurore Coustalat) dans le cadre d’un IDD (Itinéraire de découverte) sur Harry Potter. Ce projet a été motivant pour nous deux mais aussi pour les élèves car nous avons pu développer chacune notre créativité et nous avons pu faire quelque chose qui sortait des sentiers battus. 

Ce projet a rencontré beaucoup de succès, puisque lorsque cette idée a été diffusée, elle a été adaptée par d’autres collègues inspirés et cela a été une très grande fierté pour nous.

La seconde est un atelier d’écriture que je mène cette année sur la base du volontariat à la pause méridienne avec une vingtaine d’élèves. Ce travail consiste à créer un musée virtuel autour d’oeuvres d’une artiste peintre américaine qui s’appelle Laurel Holloman. Cette artiste propose des oeuvres particulièrement inspirantes pour les jeunes. Nous alimentons ensemble toutes les semaines ce musée virtuel en proposant des interprétations sous divergent formes. Les élèves écrivent mais scénographient aussi un peu, mettent en mouvement les oeuvres, s’y intègrent en utilisant un fond vert, proposent de nouveaux titres, créent un accompagnement musical… Cela permet de montrer que les arts sont très proches et complémentaires. J’espère que cela permettra de donner des idées à d’autres…

Revenons sur la simulation globale, pourrais tu nous en exposer le concept et nous donner quelques retours des élèves ?

Je n’ai rien inventé, j’ai repris quelque chose de très ancien qui apparaissait dans les programmes de 88. Il s’agissait à l’époque d’une approche possible de la mise en place d’une séquence. Je n’avais jusqu’alors jamais mis en place ce concept. Il y a maintenant trois ans j’ai voulu mettre du lien entre toutes mes séquences. La première année j’ai travaillé sur le thème du voyage : j’ai proposé une carte de voyages aux élèves en début d’année et chaque voyage correspondait à une séquence. L’intérêt est le fil conducteur qui permet de créer du lien mais aussi le fait d’impliquer plus précisément les élèves, qui ont un rôle fictif. Ils vont interagir dans l’histoire, il va y avoir des aventures liées à des déclencheurs que j’aménage pour faire de l’écriture, des situations orales. Par exemple dans la simulation sur le voyage, j’ai ramené une bouteille avec une carte à l’intérieur qui a été trouvée par l’élève qui joue le rôle de vigie et cela a déclenché un récit d’aventure. C’est simplement un jeu de rôle autour d’un thème. 

Cette année en sixième j’ai travaillé sur Le Manoir des livres perdus, un mage fou , amoureux des livres a volé tous les livres sur terre et les a caché dans un manoir. Notre mission toute l’année est de pénétrer dans le manoir et d’ouvrir des pièces, qui représentent les 

séquences, et de retrouver le livre caché. Ce sont des situations motivantes pour les élèves. J’espère pouvoir mettre en oeuvre la simulation avec des élèves plus âgés l’année prochaine.

Quelles sont pour toi les situations pédagogiques les plus motivantes pour les élèves et pour le professeur ?

Pour moi les situations les plus motivantes pour les élèves sont celles où ils n’ont pas besoin de moi, quand ils sont capables d’avancer tout seul et de produire tout seul, de prendre du plaisir à découvrir des choses. Les élèves en activité ne voient pas le temps passer et ne sont pas dans une situation de passivité, d’immobilité ou d’écoute. Pour le professeur, voir, observer l’autonomie des élèves est très stimulant, mais le moment où l’on crée le cours, où on a l’idée est aussi très motivant. Cette créativité me passionne.

Quels projets as tu mis en oeuvre cette année ?

J’ai déjà évoqué le musée virtuel ainsi que la simulation globale ; j’ai commencé un projet l’année dernière auquel je tiens particulièrement car nous travaillons avec un collège de Papetee à Tahiti. Nous avons écrit un conte croisé collaboratif, à distance : un conte béarno-tahitien. Nous avons mené ce projet avec des élèves de sixième, il se finalise cette année, nous sommes prêts à éditer ce petit conte, avec les illustrations réalisées également par les élèves. Cet échange a été enrichissant : nous avons ouvert un blog ensemble, nous nous sommes donné des rendez-vous malgré le décalage horaire. J’ai eu la chance d’aller sur place et de ramener de beaux souvenirs et de belles images à mes élèves.

Tes pratiques sont d’une richesse incroyable : quelles sont tes inspirations ? As tu déjà envisagé une publication ? 

Je ne sais pas comment me viennent les idées, j’ai peut être en moi une créativité que je n’ai pas pu exercer dans un art car je ne suis ni peintre, ni musicienne, ni écrivaine… Mon inspiration, ce sont mes élèves ! J’ai des idées en fonction d’eux, ils m’en soufflent même parfois… 

J’ai très envie de poser toutes ces années, toutes ces expériences au travers d’une publication,  de les partager dans un but de transversalité disciplinaire, d’en aborder les côtés positifs mais aussi les écueils, afin de faire  gagner du temps aux collègues qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure…

Un grand merci à Marie pour sa disponibilité et le partage de ses pratiques !

Retrouvez l’entretien complet sous forme de podcast :

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