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La Ludiview complète du Dr Ludus

Quel est le but de votre chaîne et du, maintenant mythique, Dr Ludus ?

L’objectif de la chaîne est de vulgariser les contenus scientifiques en lien avec le jeu et notamment dans le cadre de visées utilitaires : éduquer, former, rééduquer, contribuer à soigner, communiquer, informer, sensibiliser, évaluer… 

Plusieurs domaines comme les marchés de l’éducation, de la formation, de la santé, de la culture, de la recherche scientifique font ainsi appel au jeu pour tenter de diffuser des messages, dispenser des entraînements voire aussi collecter et traiter des données. Les usages sont multiples et les dispositifs associés sont passionnants à étudier : le jeu sérieux, la gamification, la ludopédagogie…

D’un point de vue sociologique, étudier les cultures ludiques et vidéoludiques est également un axe passionnant à aborder. Nous l’abordons notamment via les phénomènes de rétrogaming et de néo rétrogaming. En parallèle, nous abordons également les aspects technocentrés, en essayant de classifier, nommer, définir les jeux numériques et leurs différentes incarnations : serious games, serious gaming, serious escape games, health games, edugames, etc, ainsi que différentes modalités que peuvent arborer les jeux numériques : robots, drones, réalité virtuelle, video mapping…

Les épisodes du Dr. Ludus s’inscrivent dans cette dynamique, à savoir rendre accessible des sujets en lien avec les games studies et les play studies. 

Y’a-t-il un public cible ?

Le public qui s’intéresse à l’étude du jeu et notamment du jeu vidéo semble concerner toutes les générations. Des plus jeunes aux plus âgées, on voit des personnes de tous les âges se passionner pour le sujet. N’oublions pas que le jeu vidéo grand public démarre au début des années 70, soit il y a cinquante ans à présent. Nous commençons cependant à voir des générations de joueurs ou joueuses qui ne connaissent plus les premiers titres vidéoludiques. Ainsi, les machines et les jeux qui sont sortis durant l’enfance de certaines personnes constituent l’horizon des évènements. Un lien affectif semble établir une telle frontière. Un travail de mémoire est donc nécessaire pour relater les jeux et machines antérieures. C’est toujours important de savoir d’où viennent les choses. Cela permet ainsi d’expliquer les références vidéoludiques que convoquent certains titres actuels, notamment dans la communauté des jeux indépendants (indie games). On nous a rapporté que de jeunes enfants de 10 ans regardaient des épisodes du Dr. Ludus avec leurs parents. Cela va dans le sens de notre démarche, que les épisodes puissent être partagés entre personnes passionnées et susciter des échanges.

Le public visé par le Dr. Ludus est donc celui qui s’intéresse aux game studies, aux play studies, au rétrogaming, où qui veulent instrumentaliser du jeu pour en faire autre chose que simplement se divertir. 

La manière de traiter chaque épisode du Dr. Ludus est volontairement décalée dans la forme : à savoir aborder un sujet sérieux avec un ton léger et humoristique. Il s’agit de l’emploi du Serio ludere que certains Humanistes de la Renaissance affectionnaient. Ce choix fait ainsi le lien avec l’oxymore jeu sérieux (serious game) qui vise à hybrider le divertissement et des finalités utilitaires. 

En parallèle, le jeu vidéo se nourrit de références culturelles multiples. Pour y rendre hommage, les épisodes du Dr. Ludus établissent des ponts entre des références actuelles et anciennes tout en embrassant des références empruntées au Rap, à la BD, au Cinéma, à des émissions télévisuelles, à Youtube…

Pouvez-vous donner des noms d’ouvrages qui vous ont aidés à construire cette chaîne Youtube?

Chaque épisode du Dr. Ludus se base au départ sur des ouvrages, conférences ou mémoires de natures scientifiques. Il s’agit ensuite de vulgariser l’idée maîtresse dans un scénario compris entre 5 et 7 minutes. La structure du scénario est toujours basée sur l’idée de répondre à la question : “De quoi s’agit-il ?” avec l’idée d’illustrer les propos avec une référence vidéoludique au minimum. 

La première partie du travail consiste à écrire le scénario de 1000 mots environ, puis de demander au Dr. Ludus de bien vouloir enregistrer son texte. Il est toujours en train de travailler dans son ordinateur datant des années 80. Donc, quand il est disponible, il vient et demande toujours à Machine, son robot préféré de l’accompagner. La qualité du son est primordiale, elle doit être de bonne facture. Chaque épisode du Dr. Ludus peut être écouté sous forme de pod cast si on le souhaite. Enfin, vient le montage visuel qui accompagne la bande son. En tout un épisode réclame 15 jours pour sa réalisation avec l’équipe actuelle. 

A quoi peut-on s’attendre pour la suite ?

Entre 4 et 6 nouveaux épisodes seront proposés durant le dernier trimestre 2020. Nous espérons que les épisodes de la série seront utiles aux personnes qui veulent travailler dans le domaine du jeu vidéo, de la ludopédagogie ou de toutes approches nécessitant de la gamification. L’idée étant que chaque épisode puisse offrir l’envie d’aborder un sujet en lien avec la recherche scientifique associée aux jeux vidéo et que cela donne ensuite l’envie de creuser le propos aux travers de documents scientifiques (écrits, conférences, pod-casts…).

Qui se cache derrière le Dr Ludus ?

Nous sommes deux actuellement : Quentin Alvarez (réalisation) et Julian Alvarez (scénariste). C’est une aventure familiale, entre un père et son fils, qui a démarré avec le confinement lié à la Covid en Mars 2020. Quentin faisait son service civil au sein de l’INSPE de Lille pour produire des sons et des infographies destinés à vulgariser des contenus scientifiques pour le compte des étudiant.e.s de l’INSPE. Lorsqu’il a été confiné, il a fallu trouver une solution pour continuer sa mission. C’est ainsi que nous avons eu l’idée du Dr. Ludus. Quentin poursuit actuellement la réalisation de nouveaux épisodes jusqu’à ce qu’il reprenne le chemin de son école d’infographie en Octobre 2020. C’est l’association Ludoscience qui finance désormais cette production. En fonction des audiences obtenues par les épisodes du Dr. Ludus fin 2020, nous verrons si nous poursuivrons ou non l’aventure.

Avez-vous un site sur lequel vos travaux sont regroupés ?

Ludoscience créé en septembre 2010 est un site et un laboratoire dédié à l’étude du jeu vidéo et du Serious game. C’est aussi une association dont je suis président aux côtés des deux autres membres fondateurs : Damien Djaouti et Olivier Rampnoux.

Pouvez-vous nous conseiller trois jeux que vous appréciez et pourquoi ?

J’aime beaucoup le jeu vidéo Overcooked du studio Team 17 qui vise à cuisiner en mode collaboratif. Le jeu est détourné dans des écoles supérieures et dans le cadre de notre DU Apprendre Par le Jeu pour des besoins pédagogiques : enseigner la ludopédagogie et sensibiliser aux aspects communicationnels et de management (soft skills).  

Le jeu Keep Talking and Nobody explodes est un jeu qui invite une personne à décrire une bombe sur le point d’exploser à des personnes qui incarnent des démineurs. Là aussi son utilisation dans des activités d’enseignement est très intéressante pour faire travailler la qualité des échanges en terme de communication et de description d’une situation.

Enfin, dans un autre registre, le jeu hybride Unlock est un escape game sous forme de jeux de cartes associant une application que je trouve très intéressant pour amorcer une réflexion sur le travail en groupe et la question du leadership.

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